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XIV


Le valet de pied qui vint ouvrir toisa d’un œil curieux la matinale visiteuse, et ce fut avec une sorte de familiarité qu’il lui répondit tout d’abord : « Le juge est chez lui, cela va sans dire… Quant à vous recevoir, c’est une autre affaire… Simmons, ajouta-t-il en s’adressant à une femme de chambre qui traversait le vestibule, pensez-vous que le juge soit levé ?

— Le juge ?… il est à sa toilette, depuis une demi-heure… On va servir le déjeuner, madame descend.

— Vous voyez, madame… N’aimeriez-vous pas mieux revenir un peu plus tard ? demanda le valet à Ellenor, plus émue et plus intimidée que jamais.

— Non… Je préfère attendre, dit-elle avec douceur… Je n’ai pas mes cartes sur moi ; mais je suis certaine d’être reçue si vous portez mon nom au juge Corbet. Miss Wilkins, ceci suffira…

— À votre aise. Veuillez donc vous asseoir là !… Il faut que je mette le déjeuner sur table… »

Il désignait à Ellenor une des banquettes du vestibule, car ce nom de miss Wilkins, accompagné d’une toilette modeste, la lui faisait prendre pour la fille de quelque fournisseur. Puis, hélant un page[1], il le chargea d’aller dire au juge que miss Wilkins demandait à lui parler. Le page grimpa, toujours courant, jusqu’à la porte du cabi-

  1. Le page fait encore partie de la domesticité anglaise. C’est un apprenti valet de chambre. On le reconnaît à sa veste à la hussarde, ornée de trois rangs de boutons. (N. du T.)