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commander à la clémence de la reine. La clémence, une belle chose,… mais j’aimerais mieux la mort… Oui, demoiselle, car cet homme que vous voyez là-bas m’a expliqué ce que c’est… Le pardon de la reine vous envoie à Botany-Bay. On vous tue ainsi en détail, et pouce par pouce. Moi, du moins, je suis bien sûr de mourir à la peine. Autant vaut s’en aller de suite que d’achever ses jours parmi toutes ces brebis galeuses. »

Là-dessus il se remit à trembler. L’idée de la transportation, de par son mystérieux prestige, l’effrayait réellement plus que la mort : d’une voix plaintive, il reprit presque aussitôt :

« Tâchez, demoiselle, qu’on ne m’envoie point à Botany-Bay !

— Vous n’irez point, répondit-elle avec une bizarre confiance… Vous ne sortirez d’ici que pour venir habiter chez moi, je vous le promets : entendez bien ceci, je vous le promets. Fiez-vous à ma parole… Quant à Botany-Bay, ne vous en tourmentez point… Si vous y allez, j’irai de même,… mais je suis sûre qu’on ne vous y enverra point… Encore une fois, dans cette malheureuse nuit, ce que vous avez fait, je l’ai fait aussi… et si l’on vous punit je dois être punie comme vous… Mais non, il faudra bien que tout revienne à bien, autant du moins que le permettront les ineffaçables souvenirs de ce temps-là… »

C’était à elle-même que ces derniers mots semblaient adressés. Ils restèrent ensuite assis en silence, la main dans la main.

« Je savais que vous viendriez, reprit Dixon… Je suppliais Dieu de vous ramener, si loin que vous fussiez ; j’avais dit au chapelain que je demanderais d’abord à me repentir puis à vous revoir une fois encore. Et Dieu ne pouvait me refuser, à moi qui n’ai pas connu, depuis le mal fait, une minute de calme. »