Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et me confiait toutes les misères qu’on lui faisait à l’école. Après Molly Greaves, personne que j’aie mieux aimé. De samedi en huit, je les reverrai tous les deux,… et je laisserai ici quelques regrets, j’en suis bien certain, quoique je n’y aie pas rempli tous mes devoirs.

— Vous savez pourtant, Dixon, que vous ne fûtes pour rien dans ce…

— Dans ce meurtre, comme ils l’appellent, interrompit-il, voyant qu’elle ne pouvait se décider à finir la phrase… Un meurtre !… n’importe qui l’ait commis, je soutiens, moi, que ce n’était pas un meurtre…

— Il faut pourtant que chacun réponde de ses œuvres… Je pars cette après midi-pour Londres ;… je vais voir le juge et tout lui révéler.

— Vous auriez tort, demoiselle. Il ne faut pas que vous vous abaissiez devant ce monsieur… ce monsieur qui vous a laissée dans l’embarras, dès que le chagrin et la honte semblèrent vous menacer. »

Pour la première fois, à ces mots, il la regarda. Mais elle poursuivit, comme si ce regard attentif et triste eût été perdu pour elle…

« Oui… je sais à qui j’ai affaire, et je n’en irai pas moins le trouver. Après tout, mieux qu’un étranger, il est à même de nous venir en aide, et, en songeant à vous, à votre fidèle amitié, je puis bien oublier tout le reste.

— Allez, allez, il est bien vieilli. Sous sa grande perruque grise, on lui aurait donné soixante ans. À peine si je le reconnaissais… Je lui ai pourtant adressé un regard, un seul, qu’il a dû comprendre. C’était comme pour lui dire : — Oh ! mylord juge, on en sait de belles sur votre compte… — Je ne suis pas bien sûr, cependant, qu’il y ait pris garde. Mais c’est, je suppose, en souvenir de notre ancienne connaissance, qu’il a presque promis de me re-