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ordinaire fit défaut en cette occasion, n’était pas encore visible. Quand il parut, au bout d’un quart d’heure, Ellenor se sentit tenue à lui demander excuse du dérangement qu’elle lui causait — « Mais, savez-vous ? ajouta-t-elle par manière d’apologie, cet homme ne doit pas mourir. »

Il trouva passablement étrange une pareille déclaration de principes, et, fixant sur sa cliente un regard quelque peu trouble, où se retrouvaient quelques vestiges du festin de la veille : « Eh bien, ma chère demoiselle, si vous ne voulez absolument pas qu’il meure, répondit-il avec l’accent paternel des grandes personnes qui se plient au caprice d’un enfant,… le jury, c’est vrai, ne l’a point recommandé à la clémence royale, mais M. Corbet a glissé dans la sentence une ou deux allusions à la possibilité d’un pardon… C’est du moins ce qu’il m’a semblé comprendre…

— Je vous répète, monsieur Johnson, que cet homme ne doit pas mourir ainsi, et que vous ne verrez pas se commettre une aussi criante iniquité… À qui dois-je m’adresser ? »

L’homme d’affaires apparut tout entier dans le regard que son interlocuteur jeta sur elle : « Vous avez donc les éléments d’une enquête supplémentaire ?…

— Passons là-dessus… et mille pardons, répondit-elle… mais veuillez me dire à qui je dois recourir.

— Au ministre de l’intérieur, sans aucun doute. Seulement vous n’obtiendrez pas une audience de lui pour une affaire de ce genre… Le recours en grâce ne peut être régulièrement introduit que par le président des assises ; dans l’espèce, par le juge Corbet. Voulez-vous me communiquer ce que vous avez à lui révéler ?… je dresserai, dans leur forme voulue, les requêtes et documents nécessaires.