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côté, respecter la consigne sévère de M. Johnson qui n’eût pas trouvé bon de planter là, deux fois de suite, ses respectables invités.

« Tenez, dit-elle à Ellenor, voici une plume et du papier… Écrivez vous-même vos questions !… Je les ferai passer à mon mari. On vous rapportera sa réponse, s’il peut vous en donner une. »

Ellenor, malgré la peine qu’elle avait à réunir, à formuler ses idées, traça les lignes suivantes : « À quelle heure pourrai-je vous voir demain matin ?… Voulez-vous me frayer l’accès de la prison où est Dixon ?… Pourrais-je, dès ce soir, être admise auprès de lui ? »

On lui rapporta les réponses suivantes, crayonnées sur le même papier :

« Huit heures. — Oui. — Non. »

Il fallut bien, là-dessus, tâcher de se rendormir.

En ouvrant les yeux, Ellenor tressaillit et regarda sa montre. Il n’était pas encore six heures, et lorsqu’elle se mit à la fenêtre pour aspirer quelques bouffées d’air matinal, elle vit une domestique agenouillée sur le seuil, dont elle nettoyait les dalles. Cet exemple éveilla chez Ellenor une sorte de scrupule ; tout retard lui semblait une énormité. En conséquence, après s’être habillée à la hâte, mais avec les soins minutieux dont elle avait de bonne heure contracté l’habitude, elle sortit pour se rendre au château d’Hellingford, qui lui fut désigné comme servant de geôle aux détenus de la ville. Une petite fille qui balayait le devant de l’espèce de niche où logeait le concierge, fut passablement étonnée de s’entendre demander par une belle dame si on pouvait voir Abraham Dixon. $ans répondre un mot, elle alla chercher son père qui parut bientôt en manches de chemise, la face couverte de savon et un rasoir à la main. La démarche inusitée d’Ellenor jetait évidemment une grande con-