Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Monro, agissant elle-même en votre nom… Mais comment sauver un accusé qui reste invariablement bouche close, — à qui on ne peut arracher aucun renseignement, — qui ne vous fournit aucune preuve en sa faveur, aucune réplique aux charges dont on l’accable ?… Jamais je ne me serais figuré qu’il voulût faire plaider son innocence… En s’avouant coupable, il aurait intéressé les jurés que ses dénégations pures et simples, dénuées de toute vraisemblance, devaient naturellement indisposer. Mais il aura probablement reculé devant l’idée de se noircir lui-même aux yeux de ses anciennes connaissances de Hamley…

— Quand doit s’exécuter l’arrêt ? »

Cette question fut faite d’une voix assourdie et comme étranglée au passage.

« Selon l’usage ordinaire, le second samedi après le départ des juges… Bon Dieu, miss Wilkins, qu’avez-vous à pâlir ainsi ?… Hester, Jessy, vite, accourez !… De l’eau, du vin… miss Wilkins se trouve mal. »

Ce ne furent ni Hester, ni Jessy, ce fut mistress Johnson qui répondit la première à cet appel pressant. Elle trouva Ellenor sans connaissance, renversée dans un fauteuil, et l’attorney passablement embarrassé de lui-même. Mais quand fut expliqué en quatre mots l’état des choses, elle le renvoya elle-même à ses convives, et ses soins bien entendus eurent bientôt remis la pauvre évanouie, dont les premiers mots, au sortir de la crise, exprimèrent le désir de revoir M. Johnson.

« Vous ne le verrez certainement pas, répliqua la digne femme de l’attorney… Demain, quand vous aurez bien dormi…

— Je ne dormirai pas si je n’ai la réponse de M. Johnson à deux ou trois questions indispensables. »

Il fallait éviter de contrarier la malade, et d’un autre