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arrachait ainsi aux employés absorbés dans les détails du service, étaient tellement vagues, tellement contradictoires, qu’elle n’osait leur accorder la moindre créance.

À Hellingford, où elle arriva vers huit heures du soir, les maisons mieux éclairées que d’ordinaire, un mouvement inusité dans les rues, attestaient les efforts de l’hospitalité locale envers les résidents temporaires que les assises y avaient attirés. Mais c’était partout le banquet des adieux, car les juges venaient de partir, cette même après-midi pour aller achever, dans une petite ville voisine, le circuit trimestriel.

« Conduisez-moi chez M. Johnson, » avait dit Ellenor aux porteurs de son léger bagage. Or, M. Johnson réunissait à dîner ce soir-là tout précisément les attorneys, ses confrères, qui étaient venus de Londres plaider au grand criminel. Averti qu’une dame demandait à lui parler immédiatement et en particulier, il quitta la table et arriva, d’assez mauvaise humeur, dans son cabinet. « Dixon ? » lui demanda Ellenor, coupant court aux exclamations de surprise qu’il n’avait pu retenir à sa vue.

« Ah ! c’est une triste affaire, répondit-il en hochant la tête et prenant une physionomie de circonstance… Je comprends qu’elle ait abrégé votre séjour en Italie… Pauvre diable !… il faut espérer qu’il était accusé à bon droit… car le jury n’a pas hésité…

— Donc, il est…

— Il est condamné à mort…

— Et par qui ?… demanda Ellenor, frappée au cœur, bien qu’elle eût déjà, depuis un instant, pressenti la funeste nouvelle.

— Par le juge Corbet, répondit Johnson ; et je vous assure que pour un magistrat encore neuf en cette espèce d’affaires, il s’en est honorablement tiré. Quant à moi, j’ai fait de mon mieux, selon les instructions de miss