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ment que rien ne saurait changer… non rien, pas même un triste aveu que je vous dois… C’est que je suis coupable, au même titre et au même degré que Dixon ; c’est-à-dire innocente comme il est innocent, je vous le garantis.

— Il l’est à coup sûr, si vous êtes sa complice ; rien n’ébranlerait en moi cette certitude… Laissez-moi donc, Ellenor, solliciter de vous une révélation plus complète… Donnez-moi le droit de venir à votre aide, non plus seulement comme un ami, mais avec toute l’autorité d’un futur époux.

— Non, non, répondit-elle avec un mouvement d’effroi ; vous ne savez pas à quel point ceci est impossible… Vous ne savez pas à quoi je suis exposée…

— Aucun péril ne m’effraye, si je le brave pour vous, à côté de vous.

— Il ne s’agit pas d’un péril, mais d’une flétrissure.

— Eh, qui sait si je ne vous en préserverais pas ?

— Au nom du ciel, qu’il ne soit plus question de ceci !… En ce moment, si vous insistiez, mon refus est inévitable. »

Elle ne songeait pas que son refus, ainsi formulé, donnait grande prise à l’espérance d’un heureux retour. Il s’en aperçut bien, lui, et y trouva quelque motif de patienter encore.

En la faisant monter en wagon, il était de plus en plus dominé par une joie secrète. Une fois en route, et à mesure qu’elle approchait de la ville où tant d’incertitudes allaient prendre fin, elle se sentait de plus en plus accablée. Le télégraphe électrique ne fonctionnant pas encore à cette époque, elle ne pouvait avoir de renseignements que dans les bureaux de station, et passant sa tête à la portière chaque fois que le train s’arrêtait, elle ne se faisait pas faute de questionner. Mais les réponses qu’elle