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autre côté, il ne pouvait s’empêcher de penser que cette jeune femme, douce et timide, étrangère à tout, aurait grand besoin de l’assistance et des conseils qu’il serait heureux de lui offrir.

Ellenor, cependant, laissa tomber ce vain appel d’un vrai dévouement à son entière confiance. Elle ne se refusait à aucune suggestion du docteur, et adoptait en toute chose sa manière de voir ; mais elle se dérobait à sa curiosité, dont les vrais motifs, — soit qu’elle les devinât in petto, soit qu’elle parvint à les méconnaître, — auraient sans doute, en tout autre circonstance, fléchi cette discrétion inexorable.

Du reste, pendant l’inévitable délai auquel nos voyageurs se trouvèrent condamnés, Ellenor se montra, comme à l’ordinaire, d’une patience, d’une résignation à toute épreuve. Sa femme de chambre, en revanche, qu’aucun motif pressant n’appelait en Angleterre, manifestait son dépit, sa contrariété, par des plaintes singulièrement amères, qu’elle croyait devoir au décorum de son importance professionnelle.

Enfin, la traversée recommença, cette fois sans accident. Après avoir revu les côtes du dernier territoire sur lequel ait régné le Napoléon légendaire, Ellenor et son fidèle suivant abordèrent à Marseille. Elle put s’assurer, dès lors, combien allaient lui être indispensables les services désintéressés de l’excellent docteur qui, lui-même, en riant, s’intitulait son « courrier ».