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En un instant le docteur fut à ses côtés. Il prononça d’abord quelques phrases dont elle ne put comprendre le sens, assourdie, comme elle l’était, par le sifflement de la vapeur : « Ne vous alarmez pas inutilement, reprit-il alors d’une voix plus haute ; c’est un accident arrivé aux machines. Je vais m’en informer, et je reviendrai aussitôt que possible pour vous mettre au courant… Fiez-vous à moi, je vous en prie ! »

Il revint en effet, et la trouva tremblante : « Je l’avais bien deviné, lui dit-il, nous sommes victimes de la négligence que mettent les mécaniciens napolitains à l’entretien de leurs appareils… Maintenant, ils veulent qu’on regagne terre au plus vite…, c’est-à-dire qu’il faudra retourner à Civita-Vecchia.

— Comment ?… L’île d’Elbe est à quelques milles… N’était la vapeur, nous l’aurions en vue.

— Oui… mais si nous y touchions, nous pourrions y rester longtemps… Pas un steamer n’y fait escale. Au contraire, en retournant à Civitta, nous arriveront à temps pour prendre le bateau de dimanche. Après cela, continua-t-il voyant la désolation peinte sur le visage d’Ellenor, ne nous exagérons pas la portée d’un si léger retard. De ce que les assises s’ouvrent le 7 à Hellingford, il ne s’ensuit pas absolument que l’affaire de Dixon y sera jugée ce jour-là… Lundi soir, nous pouvons être rendus à Marseille… De là, par la malle-poste, à Lyon… Donc jeudi, pour le plus tôt, c’est-à-dire le huit, nous serons à Paris… Reste à savoir ce qu’il vous faudra de temps, pour recueillir les témoignages favorables que vous comptez ajouter aux moyens de la défense. »

Il ne hasarda qu’à regret cette dernière insinuation, car il savait à quel point Ellenor était en garde contre toute question, directe ou indirecte, concernant le but de son intervention dans le procès de Dixon ; — mais, d’un