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qu’elle a consacrée à la défense des faibles, car, la première, elle a montré au vif et au vrai les souffrances étudiées sur nature des classes manufacturières. Elle a plaidé leur cause par d’irréfutables faits, et si son éloquence dramatique et passionnée a quelquefois outrepassé le but, c’est qu’elle obéissait à l’élan d’une généreuse conviction. L’autre, tout individuelle et d’une sympathie plus large, nous introduit dans un monde qui a ses misères, ses épreuves, mais où règne une atmosphère calme et pure, où circule une gaieté de bon aloi, où s’épanouissent de riants visages, où l’humaine nature peut verser au mal, mais se redresse au contact du bien, où enfin l’on entrevoit la figure aimée, qui vous soulève et vous attire vers les hautes régions, dont elle était si proche.

Si de ce rapide et incomplet aperçu de la carrière littéraire de Mrs Gaskell, nous passons à sa vie privée, nous l’y verrons femme accomplie d’un homme distingué, mère tendre et dévouée de quatre filles élevées par elle, infatigable bienfaitrice du pauvre qu’elle ne délaissa jamais malgré des occupations multipliées. Sa charité n’avait rien de systématique ; à l’exemple du bon Samaritain, elle assistait de tout son pouvoir le blessé qu’elle rencontrait sur sa route. J’ai dit plus haut comment elle réunissait chez elle les jeunes filles de l’École du Dimanche, les instruisant, s’appliquant à gagner leur confiance, afin de les mieux secourir dans leurs afflictions. Mais laissons parler une voix plus autorisée que la mienne à honorer cette chère mémoire :

« Nous étions allés à Londres, voir l’Exposition de 1862, et le temps s’était passé gaiement : à notre retour