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vrer au sommeil. Un doigt discret heurta la porte. Ellenor ouvrit, et mistress Forbes se montra dans un élégant déshabillé. Elle venait s’informer de l’état d’Ellenor, et de ses projets pour le lendemain ; naturellement, elle ne comprenait guère que miss Wilkins se crût obligée à plus que miss Monro n’avait déjà fait en son nom : « Grâce à vous, la défense de ce malheureux est en bonnes mains. Présente au jugement, que ferez-vous de plus ? D’ailleurs il est à présumer que l’affaire sera terminée avant que vous n’ayez pu vous rendre à Hellingford, et alors, soit que Dixon ait été acquitté, soit qu’il ait été reconnu coupable, votre présence, inutile dans le premier cas, vous expose, dans le second, à être témoin des incidents les plus sinistres. »

Mais ce fut en vain qu’elle essaya d’ébranler ainsi la résolution de sa compagne ; Ellenor avait pris son parti, et y persista malgré toutes les raisons mises en avant pour l’ébranler. Mistress Forbes se laissa finalement émouvoir par les instances passionnées avec lesquelles Ellenor lui demandait de ne pas s’opposer à une détermination inébranlable, et comprenant qu’elle avait épuisé toutes les ressources de l’autorité que lui donnait son âge, elle la quitta pour aller rejoindre ses filles qui attendaient, groupées et curieuses, le résultat de la conférence. Aux mille questions qui l’accueillirent, elle répondit avec une affectueuse gravité : « Dans l’état où est Ellenor, il n’est guère possible de raisonner avec elle, et puisqu’elle regarde comme un devoir sacré de porter secours à ce vieux serviteur, je pense qu’il faudra la laisser partir jeudi. »

M. Livingstone se trouva du même avis, et bien qu’une femme de confiance eût déjà été arrêtée pour accompagner Ellenor, il voulut, à toute force, repartir avec elle. Peut-être la voyageuse se fût-elle très-bien passée de