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rendu de l’interrogatoire subi par l’ancien serviteur de son père, Ellenor baigna d’eau froide son visage et ses yeux brillants ; puis, imposant silence aux battements de son cœur, elle tâcha d’apprécier froidement la valeur et la portée des preuves alléguées à l’appui de l’accusation.

Il lui fallut reconnaître qu’elles étaient accablantes. Un ou deux témoins déposaient de l’antipathie fort peu dissimulée que l’accusé avait, dans le temps, manifesté contre l’associé de son maître ; antipathie qui provenait, — Ellenor le savait bien, — d’un sentiment de loyal dévouement à ce dernier, tout autant pour le moins que d’une aversion personnelle contre l’ancien premier clerc. On ne pouvait contester que la flamme trouvée en terre, à quelques pouces du cadavre, n’eût appartenu au cocher de M. Wilkins, et un homme, jadis au service de celui-ci, se rappelait fort bien que, le lendemain même du meurtre, alors que tout Hamley se demandait ce que M. Dunster était devenu, un des poulains de M. Wilkins ayant eu besoin d’une saignée, Dixon l’avait envoyé, lui, témoin, chercher une lancette d’écurie chez le maréchal-ferrant. — Cette commission l’avait quelque peu surpris, précisément parce qu’il savait son camarade possesseur d’un instrument de ce genre.

M. Osbaldistone, interrogé à son tour, s’était plusieurs fois interrompu pour manifester son étonnement qu’un crime si odieux fût imputable à un individu aussi régulier, aussi probe que l’était Dixon. Mais, tout en rendant justice aux qualités de ce serviteur dont il n’avait pas eu à se plaindre une seule fois pendant les années où il l’avait gardé chez lui, le locataire de Ford-Bank ne paraissait douter en aucune manière qu’il ne fût coupable, alléguant, à l’appui de cette conviction, l’espèce de résistance à la fois obstinée et sournoise, que Dixon opposait à ses ordres, chaque fois qu’il était question de toucher à la