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activement que possible, à l’absence d’Ellenor. M. Johnson était chargé de tout ce qui avait trait à la défense de Dixon, avec un crédit illimité pour cet objet. Elle-même, miss Monro, se proposait d’aller voir l’accusé dans sa prison ; mais, en dépit de tout ce zèle, inspiré par l’affection qu’elle gardait à son ancienne élève, celle-ci put s’assurer qu’elle ne croyait aucunement à l’innocence du vieillard si injustement soupçonné. — Et si elle n’y croyait pas, qui donc y pourrait croire ?

Sur cette réflexion, ne prenant plus conseil que d’elle-même, Ellenor se leva, et après avoir rajusté ses vêtements en désordre, apparut, comme un spectre, à la porte du salon où ses amis étaient réunis.

« Monsieur Livingstone, dit-elle, je voudrais avoir avec vous cinq minutes d’entretien particulier… » Et quand le chanoine l’eut suivie dans la salle à manger : « Voyons, reprit-elle, ne me cachez rien !… Que savez-vous de ce… de cette malheureuse affaire ?

— Je ne la connais que par miss Monro,… et par le Times qui en parlait la veille de mon départ. Miss Monro pense que si ce vieillard a commis le crime, ce doit être dans un moment de colère tout à fait irréfléchie… Elle semble d’ailleurs animée d’une espèce de ressentiment contre la victime de ce meurtre… Elle assure que sa disparition, dans le temps, mit à jour des malversations qui firent perdre à M. Wilkins une somme considérable.

— Elle se trompe, s’écria Ellenor dominée un moment par le sentiment des réparations dues à l’homme qui n’était plus… Mais aussitôt elle craignit de trahir, en s’y laissant aller, une trop complète connaissance de ce qui s’était passé… Je veux dire, reprit-elle, que M. Dunster, peu sympathique d’ailleurs, et que personne chez nous n’avait jamais pris en gré, n’a jamais trompé la confiance de mon