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kins n’hésiterait pas sans doute à ratifier la mesure prise par ses trustees. Après la modification du tracé primitif, la compagnie du chemin avait fait de si belles offres, M. Osbaldistone lui-même avait été si coulant, etc. Ellenor ne put aller plus loin : elle trouvait à chaque mot l’indice écrasant d’une destinée vengeresse, acharnée, aurait-on dit, à la perdre sans retour. Après une pause, elle essaya de continuer, mais tout ce que put saisir son intelligence troublée fut que M. Johnson avait fait tenir sa lettre à miss Monro, dans la croyance où il était que celle-ci l’acheminerait par des voies plus sûres.

Elle ouvrit alors le troisième pli. M. Brown lui envoyait, selon sa coutume, une note sur les démarches auxquelles donnait lieu le règlement définitif des affaires relatives à la succession de M. Ness. Celui-ci s’était également adressé à miss Monro pour qu’elle le mît, aussi vite que possible, en rapport avec leur amie commune. Au moment où Ellenor allait laisser échapper de ses mains cette lettre insignifiante, le nom de M. Corbet attira tout à coup son attention :

« Peut-être apprendrez-vous avec quelque satisfaction, lui disait M. Brown, que celui des amis du défunt pour qui avait tant de prix le vieux Virgile in-folio d’Alde Manuce, vient d’être nommé juge, à la place de M. Justice Jenkin. Au moins dois-je supposer que M. Ralph Corbet, Queen’s counsel, est bien le même que notre bibliophile. »

— Oui, se dit Ellenor, non sans une profonde amertume, et ce juge infaillible avait nettement jugé notre situation réciproque… Il eut raison de penser que notre hymen ne pouvait s’accomplir… — Puis après quelques réflexions sur un passé déjà lointain, raffermie par ces réflexions mêmes, elle reprit, pour l’achever cette fois, la lettre de miss Monro.

Cette excellente amie avait tâché de suppléer, aussi