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« How do you do ?… Comment arriverai-je jusqu’à vous ? » ajouta le nouveau venu, toujours en anglais, et deux minutes plus tard cet habitant de Chester, débarquant dans un salon de Rome, fut salué de l’accueil le plus sympathique.

« D’où venez-vous ?… Quel bon vent vous amène ?… Quelles nouvelles, parlez !… Il fallait arriver plus tôt… Voici trois semaines que nous n’avons eu de lettres… Les mauvais temps ont retardé les bateaux… Voyons, que nous direz-vous de là-bas ?… — Comment se porte miss Monro ? ajouta doucement Ellenor, au premier moment de silence.

Avec son calme sourire, et sans se laisser troubler par ce déluge de questions, M. Livingstone y répondit à loisir. Il n’était arrivé que de la veille, avait cherché ses amis vingt-quatre heures sans les pouvoir dépister, grâce à son mauvais italien, — logeait à l’hôtel d’Angleterre, — et ne regrettait pas d’avoir manqué la plus grande partie du carnaval, attendu que, pour deux pauvres heures de promenade, il était presque aveugle et à demi sourd. Il avait quitté Chester depuis seulement une huitaine ; — il apportait des lettres pour tout le monde ; — mais, craignant qu’elles ne lui fussent volées dans la foule, il ne les avait pas prises sur lui. — Miss Monro se portait bien, mais elle était inquiète d’Ellenor, dont elle n’entendait plus parler depuis longtemps, les bateaux étant aussi bien en retard pour l’Angleterre que pour l’Italie.

Rien dans tout cela que de très-naturel, rien qui pût donner la moindre inquiétude ; néanmoins mistress Forbes crut remarquer, dans la physionomie du chanoine, un espèce de trouble caché ; elle se figura également qu’il avait hésité, à deux ou trois reprises, en répondant à Ellenor ; mais le moyen de discerner l’expression d’un