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départ n’avait rien qui séduisît particulièrement Ellenor, mais elle n’était pas en état de résister à un complot dans lequel entrèrent tour à tour, — y compris son médecin, — toutes les personnes de son entourage habituel. Un calcul généreux la détermina d’ailleurs à écouter leurs conseils. Sur la propriété qui lui venait de sa mère, aussi bien que sur celle dont l’investissait le legs de M. Ness, elle n’avait qu’un droit d’usufruit. Jusqu’alors cette combinaison ne l’avait pas autrement inquiétée, puisque, selon la loi de nature, elle devait survivre aux deux personnes dont le sort était lié au sien, savoir miss Monro et Dixon. Mais, dans le cas où elles viendraient à la perdre, elle n’avait à leur léguer que d’assez minces économies, tout à fait insuffisantes pour défrayer les loisirs forcés de leur vieil âge. Elle se décida donc à faire ce qui semblait indispensable pour la conservation de ses jours.

Toutefois, avant de partir, elle prit les instructions de M. Johnson, et régla d’après elles tout ce qui devait être fait si malheur lui arrivait avant son retour en Angleterre. Dixon reçut d’elle une lettre fort longue et fort détaillée. Une seconde missive, beaucoup plus succincte, fut laissée au chanoine Livingstone, qui devait, le cas échéant, la faire passer à ce pauvre vieillard, comme souvenir et recommandation suprêmes.

Au moment où elle entrait, avec ses compagnes de route, dans la gare du chemin de fer qui venait de les transporter à Londres, un riche équipage y amenait toute une famille voyageant en sens contraire. Ellenor y reconnut, — à côté d’une jeune femme, mise à ravir, et en face d’une belle nourrice portant un baby dans ses bras, un ancien ami qu’il ne lui était pas donné d’oublier jamais entièrement. C’était M. Corbet, qui venait en personne acheminer vers Chester sa petite famille. Rejeté en arrière,