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eût si complètement oublié les visées de sa jeunesse. Aussi s’efforçait-elle, — mais sans plus de succès que par le passé, — de le faire inviter à leurs petites réunions du soir : « Je suis sûre qu’il viendrait, disait-elle à sa compagne. — Peut-être bien, répondait celle-ci ; mais que m’importe ? — Faute d’encouragement, vous le réduirez à porter ses attention du côté de miss Forbes. — Qu’à cela ne tienne, » répliquait Ellenor du même sang-froid.

Miss Forbes était la sœur aînée de cette élève qu’avait récemment quittée miss Monro ; et mistress Forbes, avoir hésité quelque temps à se lier avec Ellenor, en était venue à la goûter beaucoup, à la voir très-fréquemment. Cette dama avait, en matière d’hygiène, de constantes préoccupations qui s’expliquaient par une série de désastres survenus dans sa famille, plusieurs de ses sœurs ayant été victimes de ce mal perfide qu’on appelle « consomption. » Pendant l’automne qui suivit le décès de M. Ness, elle crut devoir communiquer à miss Monro les craintes que lui inspiraient la santé d’Ellenor, son amaigrissement persistant, et la difficulté toujours croissante qui semblait gêner sa respiration. L’ex-gouvernante, une fois alarmée, tourmenta de ses soins assidus, de ses précautions infinies, l’inaltérable patience de sa docile compagne, qui resta littéralement emprisonnée chez elle tout le mois de novembre. Mais alors, — l’appétit venant à lui manquer, et la tristesse la gagnant, — les anxiétés de miss Monro prirent une autre direction. Il fallait à tout prix changer de climat, se distraire, se ranimer. Et comme, tout justement, mistress Forbes et sa fille devaient aller passer trois ou quatre mois à Rome, afin d’éviter les funestes influences des premiers souffles printaniers, pourquoi miss Wilkins ne partirait-elle pas avec ces dames, qui du reste l’en sollicitaient instamment ? Ce