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compense est venue. L’épais rideau de verdure tendu entre nous et le chemin de fer qui va s’ouvrir, diminue beaucoup les inconvénients d’un pareil voisinage : la vue des trains n’est pas précisément récréative, et le bruit qu’ils laissent après eux gagne beaucoup à être atténué comme il le sera par ces massifs restés intacts. »

Ellenor ne répondit rien. Ils venaient d’arriver aux limites de ce jardin fleuri où était recelé le mystérieux vestige dont le souvenir hantait sa mémoire. Elle se sentait hors d’état de parler, et même, comme en certains cauchemars, de mettre un pied devant l’autre. Enfin, quand les deux promeneurs eurent franchi un certain endroit où ce sentiment de terreur avait atteint son apogée, les propos courtois, les compliments empressés de M. Osbaldistone furent un peu moins perdus pour celle à qui ce digne homme les adressait.

Dixon les suivait à distance. M. Osbaldistone l’ayant aperçu lui fit signe d’approcher : « Vous avez là un admirateur passionné, dit-il à Ellenor… Recommandez-lui seulement d’éviter toute fâcheuse comparaison entre vous et ses nouvelles maîtresses… Ma femme et mes filles ne sont pas toujours flattées de la préférence qu’il vous accorde un peu trop hautement.

— Leur déplairait-il au point que vous songiez à vous séparer de lui ?

— Qui cela ?… moi, renvoyer Dixon ?… Nous sommes vraiment trop bons amis. »

Le vieux cocher profita de l’occasion et demanda la permission d’accompagner Ellenor jusqu’à la voiture qui, deux heures plus tard, allait l’emmener. Dirons-nous que pendant ces deux heures ils trouvèrent le temps d’aller ensemble au cimetière, et qu’après s’être agenouillés sur la tombe de M. Wilkins, ils cherchèrent dans un petit coin de terre, encore inoccupé, la place où