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et voilé de l’Angleterre, à la belle scène de la fenaison surtout, que l’auteur aimait la vie des champs et les travaux agrestes.

La Cousine Phillis tient de l’églogue.

Le talent de Mrs Gaskell se complétait, sa voie s’élargissait. Chaque nouvel ouvrage marquait un progrès. Le dernier, Wives and Daughters, que sa mort a brusquement interrompu tout près de la fin, me paraît son chef-d’œuvre. Nulle part elle n’a poussé aussi loin l’observation attendrie et profonde des caractères, saisi au passage des traits plus fugitifs. On n’a jamais mieux peint le vieux gentilhomme campagnard, avec ses préjugés, son ignorance, sa tendresse pour ses fils, qui appartiennent à une autre époque et commencent une génération nouvelle ; — la grande dame, dont la gravité frivole fait la leçon à tout venant, et qui, sûre de son infaillibilité, a confié l’éducation de ses enfants à une intrigante servile, qu’elle protège et qu’elle humilie, selon le caprice du moment ; — l’institutrice égoïste et frivole, qui s’est remariée pour avoir une position, qui n’a pas un sentiment vrai, pas même celui de l’amour maternel, dont l’esprit inventif est toujours en quête de subterfuges pour masquer ses tortueuses menées, et concilier ses intérêts avec les maximes banales d’une moralité mondaine. Elle veut assurer à sa fille, coquette et belle, un riche parti, — non par tendresse, elle s’aime trop elle-même pour aimer personne, — mais par vanité. Il existe entre ces deux femmes une secrète antipathie qui souvent se fait jour, au naïf étonnement de Molly, la fille du mari, née d’un premier mariage. Elle se prend d’affection