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main qui déferait ces nœuds formés par elle ; puis elle écrivit à M. Brown de transmettre le volume à M. Corbet, comme un souvenir de l’amitié que le défunt lui avait toujours conservée, — et cela sans faire aucune mention de la légataire à qui le Virgile appartenait.

Cette affaire réglée, elle reprit la lettre de M. Corbet et y tint ses yeux fixés jusqu’à ce que les caractères se détachassent en rouge sur le fond bleuâtre du vélin. Son passé repassait devant elle, et ses impressions de jeune fille lui étaient rendues. Ensuite, se réveillant tout à coup, au lieu de détruire le précieux autographe, — la correspondance amoureuse de M. Corbet lui avait été renvoyée bien des années auparavant, — elle le déposa tout au fond d’une vieille écritoire, parmi les feuilles de rose séchées qui embaumaient la lettre trouvée sous l’oreiller de son père défunt, la boucle de cheveux blonds détachée du front de sa petite sœur, et l’ouvrage inachevé de leur mère. — Cette addition à son petit trésor semblait l’avoir enrichie.

Deux jours après, se préparant à quitter Hamley, elle se décida, non sans peine, à rendre la visite que lui avaient faite les locataires de Ford-Bank. Il ne lui fut pas trop difficile de faire comprendre à mistress Osbaldistone que de tristes souvenirs lui rendraient trop pénible de revoir l’intérieur de cette maison si longtemps habitée par elle et son père ; puis ce fut sous la conduite de M. Osbaldistone qu’elle parcourut les jardins et le reste du domaine. « Vous voyez, lui fit remarquer son hôte, combien nous avons scrupuleusement exécuté la clause par laquelle les moindres changements nous étaient interdits. La végétation de ces grands arbres nous encombre et nous envahit, sans que nous nous soyons permis de toucher à aucun d’eux… Je conviens que ceci nous a paru quelquefois un peu rigoureux ; mais, en définitive, la ré-