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M. Osbaldistone a voulu me donner une chambre plus commode et moins froide… Plus souvent qu’il me fera quitter mon observatoire !… Il y a pourvut des nuits où j’ai cinq ou six alertes comme cela. »

Ellenor ne put s’empêcher de frissonner, Dixon s’en aperçut et, malgré le soulagement qu’il trouvait à la mettre dans le secret de ses chimériques superstitions, il s’abstint de revenir sur ce sujet. « Non, reprit-il, je n’irai point à Chester. Il me suffira de savoir que j’ai là de bons amis, tout prêts à me tendre la main dans les moments difficiles,… et une bonne missy pour me suivre, quand je ne serai plus, jusque ma dernière demeure. Ah ! chère enfant, que cette pensée ne vous effraye pas !… Il me tarde, je vous assure, de dormir en paix. »

Puis il s’en alla, murmurant à part lui une sorte de monologue : « Ils disent que le sang finit toujours par percer la terre qui le recouvre ; vraiment, si ce n’était pour elle, je voudrais en avoir le cœur net avant de mourir. »

Ellenor n’entendit pas cette dernière phrase. On venait de lui remettre une lettre de M. Brown, et dans cette lettre une autre était incluse, signée d’un nom qui attira immédiatement ses regards ; c’était celui de Ralph Corbet. Ayant appris la mort de M. Ness, et sans aucun renseignement sur les dispositions suprêmes de ce vieil ami, le célèbre avocat s’adressait à l’exécuteur testamentaire pour lui exprimer le désir d’acquérir, à quelque prix que les enchères le fissent monter, un certain Virgile in-folio, rarissime, avec des notes en italien. Sans être le moins du monde versée dans la littérature latine, Ellenor connaissait parfaitement ce volume, relié en parchemin, et qu’elle avait feuilleté à maintes reprises. Elle se hâta de l’aller prendre sur le rayon où il reposait, l’enveloppa elle-même de ses mains tremblantes, songeant à la