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contrôle d’un homme dont la tenue indiquait autre chose qu’un simple piqueur de travaux. Ellenor, suspendant un moment sa besogne, voulut savoir ce qu’ils faisaient là.

« Ils posent les jalons du chemin de fer, lui répondit aussitôt Dixon avec une espèce de mécontentement… Nos gens de Hamley ne peuvent plus s’en tenir aux diligences d’autrefois.

— Mais, mon bon Dixon, reprit Ellenor, dont la curiosité satisfaite fit place à une autre préoccupation, si les gens de Hamley vous contrarient ou vous déplaisent, pourquoi ne viendriez-vous pas à Chester ?… Nous serions, miss Monro et moi, très-enchantées de vous y avoir.

— Merci, miss !… Je demeure, croyez-le bien, très-reconnaissant de cette bonté… mais je suis trop vieux pour déménager, répondit-il en hochant la tête.

— Ce ne serait pas déménager que de venir auprès de moi, » reprit Ellenor avec une certaine insistance.

Alors, et ne trouvant plus de prétextes valables, le vieillard lui révéla toute sa pensée. Il lui semblait que, venant à quitter Hamley et désertant ainsi l’espèce de dépôt à la garde duquel il se regardait comme préposé, il encourrait la responsabilité de quelque sinistre découverte. Cette idée gâtait son repos et empoisonnait jusqu’au plaisir de ses visites à Chester.

« Je n’y conçois vraiment rien, ma bonne missy ; car si ce n’était à cause de vous… de vous et de lui, s’entend… j’aimerais à ce que toute cette affaire fût éclaircie avant mon départ de ce bas monde… Pas moins vrai que pendant mes retours de rhumatisme, quand je rêve tout éveillé sur mon lit, il me semble toujours entendre creuser la terre ou abattre un arbre… Et je me lève alors malgré moi, je cours à la fenêtre de mon galetas. De là j’ai l’œil sur les écuries, au besoin, même, sur le bosquet.