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Sur ces entrefaites, et lorsque durait déjà depuis plusieurs mois la situation que nous venons d’esquisser, la mort subite de M. Ness fut annoncée à Ellenor, par un ecclésiastique de Hamley, M. Brown, que le défunt avait chargé de veiller, le cas échéant, à l’exécution de ses dernières volontés. Il avertissait Ellenor que, sauf le payement de quelques legs, elle était désignée par le défunt comme usufruitière de la petite propriété qu’il laissait après lui. Ceci l’obligeait à se rendre sans délai au parsonage de Hamley, pour y prendre quelques dispositions relatives au mobilier, aux livres, etc., etc.

Vivement touchée de ce trépas inattendu et du témoignage d’affection que son vieil ami lui laissait, Ellenor hésitait cependant à se mettre en route. Revoir Hamley, après seize ou dix-sept ans d’absence, ne lui semblait pas une perspective autrement attrayante. Encore faudrait-il y aller seule, car miss Monro ne pouvait guère, sans congé, cesser les leçons quotidiennes qu’elle donnait à la fille de mistress Forster, une des riches notabilités de la ville. Le chanoine Livingstone, ami très-intime de cette dame, arriva fort à propos pour faciliter le départ de l’institutrice. Après l’avoir impatientée par le calme avec lequel il envisageait le prochain départ d’Ellenor, il sortit, sans rien dire de ce qu’il allait tenter, mais une heure plus tard, miss Monro recevait la permission désirée. — Cette attention délicate était-elle une simple obligeance, ou fallait-il y voir la marque d’un sentiment plus vif ? — Miss Monro se creusa longtemps la tête pour résoudre cette question, et nous devons ajouter qu’elle n’y avait pas encore réussi lorsque nos voyageuses, descendues dans le meilleur hôtel d’Hamley, y trouvèrent le vieux Dixon qui les attendait au débarquer. Le brave homme avait subi de rudes atteintes ; lui, si robuste, si vigoureux autrefois, eut grand’peine à voiturer, dans la