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passait chez leurs nouveaux voisins. Ainsi elles savaient que l’aînée des miss Beauchamp, âgée de dix-sept ans, était fort jolie, à cela près d’une épaule un peu trop haute, — qu’elle aimait passionnément la danse ; — qu’elle causait très-volontiers en tête-à-tête ; mais qu’en présence de sa mère, elle n’ouvrait pas la bouche : — que la sœur puînée était une savante, capable d’en remontrer à sa governess,… et ainsi de suite jusqu’au dernier baby, encore dans les bras de sa nourrice. Miss Monro, de plus, aurait pu dénombrer la domesticité de leurs nouveaux voisins, dire quelle tâche avait chacun, et faire sonner la cloche à l’heure des repas. Peu après, au banc réservé pour la famille du doyen, dans le chœur de la cathédrale, apparut une jeune personne très-belle et de physionomie très-fière. C’était, disait-on, une nièce, — la fille orpheline du général Beauchamp, frère du doyen, — venue à Chester pour y passer le temps voulu avant la consécration solennelle de son prochain mariage, que son oncle devait bénir. Mais comme les visiteurs au Doyenné n’étaient point admis chez la belle fiancée, et comme les Beauchamp n’avaient formé de relations tant soit peu intimes avec aucune de leurs nouvelles connaissances, personne n’en savait plus long à ce sujet.

Des fenêtres de leur petit salon et se dissimulant de temps à autre derrière leurs rideaux de mousseline, Ellenor et miss Monro se donnaient le passe-temps de voir se hâter les préparatifs du mariage, fixé au lendemain. Paniers de fruits, paniers de fleurs, caisses de toute grandeur et de toute forme, les modistes avec leurs cartons, les commis de magasin chargés d’étoffes, traversaient et retraversaient l’Enclos étonné d’un tel remue-ménage. Dans l’après-midi le calme se rétablit ; il y eut moins d’allées et de venues, et on put conjecturer que la belle