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là, une bonne partie de sa journée. Elle le choyait, le promenait, lui montrait les curiosités de la ville. Au total, cependant, ils se parlaient à peine. Miss Monro, en revanche ne manquait pas ces occasions de commérage. À force de questions elle obtenait toute sorte de détails sur les nouveaux habitants de Ford-Bank et sur ses anciennes relations d’Hamley. Il va sans dire qu’elle s’informa si M. Corbet avait reparu à l’horizon : « Pas que je sache, répliqua Dixon. J’ignore si M. Ness serait disposé à le recevoir. Ils s’écrivent pourtant, et j’ai ouï dire par le vieux jardinier de la cure que M. Corbet est maintenant au nombre des grands conseillers, de ces gens qui courent les assises et qui mettent une perruque pour y parler.

— Vous voulez sans doute dire qu’il est avocat ? demanda miss Monro quelque peu perplexe.

— Peut-être bien… cependant il m’a semblé qu’on m’a parlé de mieux que cela. »

Ellenor en savait plus long qu’eux sur ce chapitre. La lecture du Times était une de ses distractions favorites, à l’heure du loisir ; et lorsque miss Monro ne l’épiait pas de trop près, elle ne manquait jamais de chercher, à la page des comptes rendus judiciaires, un nom qu’elle n’y rencontrait guère sans que son cœur battît plus vite. Dans les premiers temps ce nom ne revenait qu’à de longs intervalles. Il était placé en seconde ligne. M. Smythe avait pris la parole pour le demandeur, « avec l’assistance de M. Corbet ; » mais, à mesure que les mois succédaient aux mois, les années aux années, l’humble acolyte se haussait graduellement jusqu’aux premiers rôles, et il ne se passait guère de séance un peu notable où ses savantes plaidoiries ne fussent analysées avec soin, si même elles n’étaient reproduites en entier par les sténographes du journal-géant. Il était évident que M. Corbet avait pris