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tion de vous, je présume que les nouveaux maîtres me garderaient volontiers, et j’aurais un peu l’œil à tout cela… Mais, en fin de compte, viendra le jour du Jugement dernier, où toute chose cachée doit apparaître en pleine lumière… Ah tenez, miss Ellenor, je suis un peu fatigué de vivre.

— Ne parlez pas ainsi, reprit affectueusement sa maîtresse… Je sais ce qui vous pèse… Mais rappelez-vous combien j’ai besoin d’un ami sûr, de sages conseils comme celui que vous venez de me donner… Vous n’êtes point malade, n’est-il pas vrai ? continua-t-elle avec une véritable anxiété.

— Pas le moins du monde, répondit-il, et j’ai la vie dure. Mon père, ma mère ont fini très-vieux. Mais j’ai un fardeau sur le cœur, et je gagerais bien qu’il en est ainsi de vous. N’importe ; il ne sera pas dit que nous aurons laissé déshonorer, une fois mort, votre brave homme de père que je me rappelle si brave, si joyeux, si doux au pauvre monde, et si charitable. »

Peu de paroles furent échangées ensuite, et ils s’en retournèrent comme ils étaient venus, Ellenor cherchant les moyens de placer Dixon auprès des futurs locataires, ce dernier évoquant les souvenirs de sa jeunesse et se rappelant ce qu’il était, trente ans plus tôt, à l’époque où il entrait comme groom chez le grand-père d’Ellenor. La gentille Molly, la fille de basse-cour, faisait alors la joie de son cœur. La gentille Molly reposait maintenant sous une des dalles du cimetière d’Hamley, et, sauf Dixon, bien peu d’êtres vivants auraient pu l’y aller chercher sans se tromper de chemin.