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Une jeune fille a deux prétendants : l’un austère, compassé, cache sous des dehors puritains une passion ardente, une volonté opiniâtre ; l’autre, gai, vif, alerte, est le préféré. Un jour qu’il s’est mis en route joyeux, il est assailli par deux recruteurs de la marine royale, qui, en vertu de l’odieuse loi de la Press le renversent, le garrottent et le jettent dans un canot qui doit le conduire à bord d’un vaisseau de l’État. Un tiers, que des soupçons jaloux ont poussé sur ses traces, assiste de loin à la lutte. L’homme qu’on enlève et qui ne voit dans ce témoin qu’un cousin de Sylvia, non un rival, lui crie d’une voix étranglée : « Dites-lui qu’elle me reverra ! je reviendrai !… Qu’elle me garde sa foi ! »

Combattu entre sa conscience et son amour, car lui aussi aime éperdument, l’infidèle messager se tait. Il laisse croire à Sylvia que celui qu’elle aime est mort ou inconstant. Les mois, les années s’écoulent. Le malheur fond sur la maison ; le père, compromis dans une révolte, est arrêté, condamné. Le cousin, devenu seul protecteur de la mère et de la fille, les voit tous les jours, leur aplanit les difficultés de la vie, s’impose par ses services et son muet dévouement. La fortune, qu’il a poursuivie avec la même ténacité, lui est venue. C’est un homme établi, rangé ; son commerce est florissant, sa maison confortable. La fille voudrait assurer de l’aisance à sa mère pour ses vieux jours ; mais l’absent, le mort parle encore trop haut dans son cœur. Il était si franc, si

    L’Œuvre d’une sombre nuit et la Cousine Phillis, imités par le même écrivain, composent en grande partie le volume auquel la présente Notice sert d’Introduction.

    (N. de l’Éditeur.)