Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette fenêtre ?… Il m’a semblé reconnaître Ellenor !…

— C’est elle, effectivement, répondit miss Monro, après un rapide regard jeté sur la route. Je suis enchantée qu’elle ait enfin suivi mon conseil. Une promenade lui fera du bien. Dixon, vous le voyez, l’accompagne.

— Pauvre Dixon !… lui aussi est frustré de son legs. »

Quand M. Ness l’eut quittée, miss Monro, assise à son secrétaire, s’occupa immédiatement d’une lettre qu’elle voulait adresser le jour même à ses anciens amis de Chester. Fille du precentor[1] de la cathédrale, elle avait parmi les membres du canonicat un certain nombre de relations intimes, auprès de qui elle avait toujours songé à se retirer quand l’heure du repos aurait sonné pour elle. Elle leur demandait maintenant du travail, des leçons à donner, et rêvait déjà l’installation d’un modeste domicile où ses gains quotidiens, réunis au mince revenu d’Ellenor, leur permettraient de vivre honorablement.

Ellenor cependant, suivie de Dixon, s’acheminait au grand trot du côté d’une vaste lande déserte, située à six ou sept milles de Hamley. C’était là, bien loin de tout regard et de toute oreille indiscrète, qu’elle avait résolu de lui demander conseil. Il devinait sans doute ses intentions, car une fois sur la Monk’s heath, il se rapprocha de sa jeune maîtresse, qu’il avait jusqu’alors suivie à distance respectueuse.

« Dixon, lui dit-elle, on prétend que je dois quitter Ford-Bank.

— Je m’en doute bien, d’après tout ce qu’on dit en ville depuis la mort de monsieur.

— Vous savez sans doute que votre legs…

— Allez, allez, nul besoin de s’en inquiéter, interrom-

  1. Maître des chœurs, grand chantre ; compte au nombre des dignitaires ecclésiastiques.