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gnait amèrement de son élève, dont la tristesse devenait chaque jour plus intolérable. M. Ness en convint très-volontiers, puis, abordant un autre sujet :

— « Vous savez, lui dit-il, que M. Wilkins meurt décidément insolvable. J’ai le chagrin de vous annoncer que vous ne toucherez pas un seul terme de l’annuité dont il vous avait gratifiée. »

Miss Monro, devant cette déclaration formelle, parut un peu décontenancée. Beaucoup de petites visions s’évanouissaient à ce moment critique, dont elle avait bercé longtemps ses modestes espérances. Mais elle se remit bientôt :

« Je n’ai que quarante ans, dit-elle enfin ; il me reste, Dieu aidant, quinze années de bon travail… Insolvable, que signifie exactement ce mot ?… Vous ne prétendez pas, j’imagine, que M. Wilkins n’a rien laissé après lui ?

— Pas un farthing…, et ses créanciers seront bien heureux, en fin de compte, de retrouver ce qui leur est dû.

— Oui-da, mais Ellenor ?

— Ellenor aura pour subsister le revenu de ce domaine qui lui vient de sa mère ;… quelque chose comme cent vingt livres. »

Les lèvres de miss Monro accusèrent ici une grimace significative.

« Où est M. Corbet ? demanda-t-elle, interrompant M. Ness qui, dans les meilleurs termes, offrait l’hospitalité du parsonage aux deux dames de Ford-Bank.

— Je ne sais, répondit-il. À une longue lettre d’explications qu’il m’adressait après sa rupture, j’ai dû répondre assez sommairement que mes rapports intimes avec la famille Wilkins m’imposaient la nécessité de ne plus l’accueillir comme auparavant. Notre correspondance en est restée là. Mais… qui passe à cheval devant