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Dixon plus particulièrement, avaient leur part dans les libéralités du testateur.

De toute cette richesse, ainsi répartie, que restait-il ? C’est ce dont les exécuteurs ne purent jamais se rendre compte, tant il y avait de désordre dans les documents qui leur furent soumis. Ou plutôt ils constatèrent un déficit absolu, et n’eurent pour ainsi dire à signer qu’un procès-verbal de carence, comme disent les jurisconsultes. M. Johnson, indigné, aurait décliné ses fonctions d’exécuteur testamentaire, sans la profonde pitié que lui inspirait la jeune orpheline. M. Ness, malgré les rhumatismes qu’il avait gagnés dans mainte et mainte partie de pêche, quitta ses travaux d’érudition pour compulser les livres de l’étude, les parchemins héréditaires, les papiers de tout ordre, et ceci par dévouement pour Ellenor. Sir Frank Holster, retranché dans sa dignité, ne voulait entendre à rien que comme trustee de Ford-Bank.

C’est dans ce domaine que l’orpheline continuait à vivre, complètement étrangère aux questions d’intérêt que soulevait la mort de son père, mais dans un état de mélancolie et d’affaissement moral qui désolait miss Monro, fort disposée à semondre son élève plutôt qu’à comprendre une pareille tristesse et se rendre compte des ravages déjà exercés sur une nature d’élite, par ce sentiment trop refoulé : « Encore si j’y pouvais quelque chose ! » disait volontiers la bonne gouvernante, et le fait est qu’à partir du moment où son intervention active put devenir efficace, elle se montra sous un nouveau jour.

Ce fut lorsqu’il demeura bien avéré qu’en dehors du domaine de Ford-Bank, Ellenor, bien décidément, ne possédait rien, et que de tous les legs inscrits sur le testament de M. Wilkins, pas un farthing ne serait payé ; — lorsqu’il demeura évident que sa belle collection d’objets