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vous, je vous ai regardé comme son protecteur naturel, depuis que, pour la première fois… »


Suivaient des caractères illisibles et qui ne se liaient aucunement l’un à l’autre. Puis on lisait derechef : « Étendu sur mon lit de mort, je vous adjure, afin que vous restiez son ami. Je vous demanderai pardon, à genoux, de tout ce que… »


Ici les forces avaient manqué : le crayon et le papier, mis de côté, devaient être repris à un moment plus favorable, où les idées s’éclairciraient, où la main serait plus ferme. Mais ce moment n’était jamais venu. Ellenor posa ses lèvres sur ce fragment de lettre, le plia respectueusement, et, dans son trésor de pieux souvenirs, lui donna place entre le dernier travail de sa mère, — un ouvrage de couture, à moitié fini, — et la boucle de cheveux dorés qu’elle avait détaché du front de sa petite sœur morte au berceau.

Le défunt désignait comme ses exécuteurs testamentaires et chargeait de la tutelle d’Ellenor, en premier lieu M. Ness, puis M. Johnson, respectable solicitor d’une des villes voisines, qui avait été un des curateurs à la dot de mistress Wilkins. Le testament remontait à plusieurs années ; il avait été dressé à une époque où l’attorney se croyait encore en possession d’une belle fortune, qu’il laissait tout entière à sa fille unique. Celle-ci avait déjà droit au domaine de Ford-Bank, en vertu du contrat de mariage qui désignait comme curateurs spéciaux (trustees) sir Frank Holster et M. Johnson. Les exécuteurs étaient portés pour des legs particuliers. Une petite annuité, assignée à miss Monro, motivait le désir exprimé par Wilkins, qu’elle continuât à vivre auprès d’Ellenor, jusqu’au mariage de celle-ci. Tous les domestiques, et