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à celui qu’elle aimait encore, cette réponse était ainsi conçue :

« Vous avez raison, — tout à fait raison. Dès le mois d’août dernier, j’aurais dû mieux réfléchir à tout ce qui arrive aujourd’hui. J’ai confiance que vous ne m’oublierez pas si aisément, mais je vous supplie, quoiqu’il arrive, de ne vous faire aucun reproche. J’espère que vous serez heureux et que votre carrière sera brillante. C’est pour la dernière fois, je le suppose, qu’il me sera permis de vous écrire, mais je ne cesserai de prier pour vous. Mon père est sincèrement affligé de vous avoir parlé, hier soir, avec un emportement que rien ne justifiait. Il faudra lui pardonner. Le pardon est souvent de mise dans la pauvre vie qui nous est faite. »

« Ellenor »


Miss Monro, qui arrivait en retard, se récria sur l’absence inattendue de M. Corbet. Il fallut qu’à sa grande surprise, Ellenor lui fît connaître, en gros, le motif de la rupture désormais irrévocable. Ce fut là une vraie torture, mais, en quelque sorte, une torture rêvée, à laquelle se mêlait le pressentiment d’un réveil, d’un allégement prochain. La malheureuse enfant croyait qu’à de pareils coups aucun nouveau désastre ne pouvait rien ajouter. Elle apprit le contraire lorsque les médecins appelés pour soigner M. Wilkins parlèrent d’une atteinte au cerveau, pouvant dégénérer en apoplexie ou paralysie, ils n’étaient pas en mesure de pronostiquer l’une ou l’autre. L’un d’eux crut pouvoir mêler, comme une consolation, le nom de Ralph Corbet à ces sinistres prophéties. Il l’avait vu, le matin, pendre sa place dans la malle de Londres. Ellenor ne répondit rien, mais Miss Monro crut