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presque hors de la maison, au moment où furent prononcées ces dernières paroles.

« Corbet !… Corbet !… Ralph !… cria l’attorney, abasourdi au premier moment, mais revenu, après un premier élan de colère, à une saine appréciation de ses torts. Hélas ! il appelait en vain, et, s’étant levé, il passa dans le vestibule, vivement éclairé, où il jeta un regard inquiet. Tout y était si paisible, qu’il pouvait très-bien discerner la voix des deux dames causant ensemble dans le salon. Il réfléchit un instant, avança jusqu’au portemanteau, et n’y vit plus accroché le chapeau de paille à forme basse dont Ralph se coiffait.

Revenu dans la salle à manger, il voulut se rendre un compte exact de ce qui s’était passé ; mais rien ne pouvait le convaincre que le fiancé de sa fille eût si brusquement pris un parti définitif et accepté comme irrévocable un congé donné dans de telles circonstances. Aussi commençait-il à s’indigner, à se plaindre, quand Ellenor, entra, le visage pâle et décomposé par l’angoisse.

« Que signifie ce mot ? » lui demanda-t-elle précipitamment, en plaçant devant lui une lettre ouverte.

Il prit ses lunettes et, pouvant à peine déchiffrer le papier que tenaient ses mains tremblantes, il lut ce qui suit :


« Chère Ellenor,

« Nous avons échangé, votre père et moi, des paroles qui m’ont obligé à quitter votre maison, où je crains bien de ne jamais rentrer. Vous recevrez demain, à ce sujet, des explications plus complètes. Ne vous effrayez pourtant pas trop de cette séparation. Je ne mérite pas, je n’ai jamais mérité l’attachement d’une personne comme vous. Dieu vous bénisse, ma chère Nelly,