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mura M. Wilkins, devenu très-rouge et qui laissa inachevée, cette phrase embarrassante.

Ralph se demanda si l’état où il voyait son futur beau-père, et les avantages que lui donnait leur situation réciproque, ne le mettaient pas à même d’obtenir de précieuses indications sur le désastre dont la menace l’avait tant de fois préoccupé. Or, une fois ce désastre connu, il serait plus à même de s’en préserver, — au besoin, plus à même d’en préserver les autres.

« À propos, recommença-t-il, n’avez-vous rien pu savoir de ce Dunster, depuis qu’il est parti pour le Nouveau-Monde ? »

L’accent presque ironique de cette question donnait à cette expression « le Nouveau-Monde » un double sens qui suscita chez Wilkins un mouvement mêlé de terreur et de colère. Ce mouvement fut si marqué, que Ralph tressaillit d’étonnement. Tous deux se levèrent à la fois, comme poussés par le même ressort. Livide, tremblant, hors d’état d’articuler nettement un mot, l’attorney s’efforçait en vain de parler.

« Mon Dieu, monsieur, qu’arrive-t-il ? » s’écria Ralph alarmé par ces symptômes d’une véritable souffrance physique.

M. Wilkins s’était rassis et, sans ouvrir la bouche, l’éloignait du geste.

« Ce… n’est… rien… dit-il enfin avec effort. Des élancements dans la tête… Mais, monsieur, ne me regardez pas ainsi, je vous prie. Il est particulièrement désagréable de se voir examiné avec une pareille insistance.

— Mille excuses, » repartit Ralph, tout à coup rendu à son sang-froid hostile par l’accueil que recevait un premier mouvement sympathique. Mais, bien qu’il ne songeât plus qu’à satisfaire sa curiosité, il hésita quel-