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chi de l’autorité des « femmes, » entraîna le petit dans l’endroit défendu : la gouvernante l’y suivit, et lorsqu’elle essaya de le ramener, l’enfant, poussé par son méchant compagnon, lui jeta une pierre qui l’atteignit à la tempe assez violemment pour qu’effrayé il se soumît. Le lendemain, en présence de la famille, la mère demanda à Miss Bronté d’où venait la cicatrice qu’elle avait au front ? Elle répondit simplement « d’un accident, madame. » L’enquête s’arrêta là, mais les frères et sœurs qui avaient assisté à la scène lui surent gré de ne pas « rapporter. » De ce jour elle prit de l’influence sur tous, plus ou moins, selon les caractères. Les progrès qu’elle commençait à faire dans l’affection de ses élèves, augmentaient son intérêt pour eux et lui allégeaient sa tâche. Un jour, au dîner, le petit coupable, pris de remords et d’un élan de reconnaissance, lui dit, en mettant sa main dans la sienne : « oh ! je vous aime, Miss Bronté ! » Aussitôt la mère se récria devant tous les enfants : « aimer la gouvernante, mon cher ! à quoi pensez-vous ? »

Cependant, Branwell Bronté avait déjà compromis l’avenir des siens. Après avoir rêvé la gloire du poëte, de l’écrivain, du peintre, il était retombé lourdement de ses brillantes illusions à une humble place d’employé dans un chemin de fer. Sans aucun empire sur lui-même, entraîné par de violentes passions que de trop faibles principes ne pouvaient réprimer, il se livra au plaisir avec emportement. Ses facultés, inhabiles au bien, tournèrent contre lui : elles le firent rechercher et fêter de gais compagnons qui achevèrent de le corrompre. À la suite de vicissitudes diverses, il revint à la maison