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une petite main se glissa le long de ses bras croisés sur sa poitrine, et les yeux d’Ellenor, tristes et doux, vinrent questionner son regard. « Ce pauvre père, disait-elle, si vous saviez comme ces maux de tête le font souffrir ! »

Ralph ne répondit rien. Les souffrances de M. Wilkins n’éveillaient en lui aucune sympathie, et il cherchait en lui-même, depuis un instant, la force de se montrer désobligeant ; mais comment s’y prendre envers un être si doux et si malheureux ?… « Vous souvenez-vous, dit-il enfin, vous souvenez-vous, Ellenor, de la conversation que nous eûmes l’automne dernier ? »

Elle baissa la tête, puis, comme un des bancs du jardin se trouvait à portée, elle s’assit sans articuler un seul mot.

« Ce déshonneur dont vous me parliez… vous savez ?… »

Pas de réponse.

« Ce déshonneur vous menace-t-il encore ?

— Oui, murmura-t-elle avec un profond soupir.

— Et votre père, sans nul doute, ne l’ignore point ?

— Il le sait, répondit-elle et du même ton, après quoi le silence régna de nouveau.

— C’est cette pensée qui l’accable et le ronge, continua Ralph avec plus d’assurance.

— Je le crains, dit encore Ellenor d’une voix qu’on entendait à peine.

— Vous devriez me dire tout ce qui en est, ajouta Ralph dont l’impatience semblait augmenter. Peut-être serais-je à même de vous venir en aide.

— Non,… Vous n’y pouvez rien, répondit Ellenor. Je vous ai fait un aveu qui pèse maintenant à ma conscience,… mais ce n’était pas pour solliciter le moindre secours… Je n’en avais pas besoin ;… je voulais simplement savoir s’il était permis à une personne dans ma