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gens les mieux placés pour lui servir d’appui et de marchepied. Il ne s’était résigné à manquer ces occasions précieuses que par suite de son rigide attachement aux principes, et par respect pour sa promesse, qu’aucune considération humaine ne devait lui faire oublier. Mais ce profond respect de lui-même n’empêchait ni les regrets qu’un pas de clerc laisse à tout homme bien avisé, ni surtout les impatiences que lui causaient les petites algarades de son futur beau-père, moins réservé, moins maître de lui et plus irritable que jamais. De ces regrets, de ces impatiences naissait tout un ordre de réflexions pénibles. Que devait-il attendre de son mariage avec Ellenor ? Il aurait une femme de santé faible, ce qui ajouterait encore au surcroît de dépenses qu’entraîne la vie conjugale. Il aurait pour beau-père un homme dont la considération, si locale d’ailleurs, si restreinte et d’un ordre si inférieur, allait s’atténuant chaque jour, détruite par de fâcheuses et dégradantes accoutumances ; un homme, ensuite, dont le jovial entrain, l’hospitalité souriante étaient remplacés par une sorte de bouderie permanente, compliquée de capricieux emportements. Quelques difficultés étaient à prévoir pour le règlement définitif de la dot. Et puis cette chance menaçante qui, d’un instant à l’autre, pouvait se présenter, cette découverte qui jetterait un si fâcheux discrédit sur le nom des Wilkins… Corbet croyait tenir le mot de cette espèce d’énigme posée à sa pénétration ; mais l’hypothèse où il le plaçait, — celle d’un concert frauduleux entre Dunster et Wilkins, pour réhabiliter la réputation compromise de ce dernier, — n’avait rien qui satisfît le sagace avocat. Il voyait là une bassesse, à défaut d’un délit, et cette bassesse avait de quoi révolter un homme aussi rigoureux en matière de point d’honneur. Aussi, se tournant et retournant sur le lit où il ne trouvait pas facilement le