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fripon ; — enfin, et par-dessus tout, l’étrange faiblesse dont il faisait preuve en s’abandonnant à des excès de table doublement pernicieux pour un homme de son âge et de sa profession.

Un des parents de lady Maria, un Brabant comme elle, ministre d’État en exercice, avait honoré la noce de sa présence. Il resta même quelques jours de plus que les autres invités, et trouvant sous sa main, dans lai personne le maître Ralph, un jeune aspirant aux carrières politiques rempli d’ardeur et d’intelligence, — fort capable d’ailleurs de lui rendre quelques services sur les hustings ou dans la presse périodique, — il entreprit de le conquérir à ses idées. Ses coquetteries d’homme d’État ne furent point perdues : notre jeune barrister, complétement empaumé, promit à lord *** d’aller bientôt le retrouver dans la capitale.

Les vacances passaient ainsi très-rapidement ; mais Ralph s’était engagé envers Ellenor à ne pas retourner à Londres sans l’avoir revue. Il quitta donc un beau matin les pompes et les plaisirs de Stokely-Castle pour se rendre directement à Ford-Bank. Entre ces deux résidences le contraste était un peu vif. Parti après un déjeuner somptueux, escorté jusqu’à sa voiture par de grands laquais chamarrés, exacts et polis comme des machines, le futur chancelier trouva le salon de Ford-Bank occupé par un domestique en négligé qui n’avait pas encore mis au net, à trois heures de l’après-midi, cette pièce peu hantée. La vue de cet homme en gilet de coton rayé, les manches retroussées jusqu’au coude, et qui, en venant lui ouvrir, dépouillait à grand’peine un tablier bleu d’une propreté douteuse, cette vue affecta désagréablement le jeune aristocrate. De même ces fleurs fanées qu’Ellenor, trop faible encore pour vaquer à ses besognes habituelles, n’avait pas encore remplacées, depuis l’avant-veille, et