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mais à se découvrir une chose… une chose affreuse… dont il n’est cependant qu’à moitié coupable.

Bien qu’il s’attendît à quelque confession de ce genre, et bien qu’il s’imaginât savoir de quoi il était question, Ralph sentit son cœur se serrer, et pour un moment il perdit de vue cette belle tête qui, penchée vers la sienne, épiait, ardemment et dans les moindres nuances, l’expression de sa physionomie. Mais sa présence d’esprit ne lui fit pas longtemps défaut. Il prit Ellenor dans ses bras, il la remercia de sa confiance ; entre deux baisers, il lui promit une fidèle sympathie, un attachement inaltérable,… ce qui ne l’empêcha pas de se trouver fort soulagé lorsque le premier coup du dîner le rendit à la libre disposition de lui-même.


VIII


Ralph Corbet avait donné sa parole qu’il ne ferait pas d’autres questions à Ellenor : mais sa curiosité n’en restait pas moins en éveil. Il entrevoyait bien l’enchaînement général des événements qui avaient dû avoir lieu ; les détails cependant lui échappaient, et il eût voulu ne rien ignorer. Aussi arriva-t-il quelquefois que le nom de Dunster était amené par lui, de manière ou d’autre, dans le cours de la conversation. M. Wilkins tombait aussitôt dans une sorte d’accablement soupçonneux ; il se taisait, il lançait à la dérobée, sur son interlocuteur, des regards inquiets. Quant à Ellenor, convaincue d’avoir agi selon le devoir, — du moins selon les inspirations de sa conscience, — et ne voulant à aucun prix douter de l’amour de Ralph, elle fermait obstinément les yeux