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homme, et lui faire accepter patiemment l’injuste éloignement de son malheureux patron.

Les lettres de Ralph Corbet comptaient au premier rang parmi les distractions de notre convalescente. Elle en recevait constamment, mais jamais sans trouble et quelquefois avec une véritable angoisse. Surpris, indigné de la conduite que le bruit public attribuait à M. Dunster, il sollicitait à chaque instant, de sa fiancée, les détails qu’il supposait lui être connus, s’abstenant d’ailleurs, par délicatesse, de la questionner sur les pertes pécuniaires que la fuite d’un infidèle associé avait pu faire encourir à M. Wilkins. C’était, en effet, une opinion généralement admise parmi les habitants d’Hamley, que Dunster avait emporté une certaine quantité des valeurs journellement déposées dans l’étude, et que M. Wilkins serait, en définitive, rendu responsable de ce détournement. Ralph Corbet aurait voulu savoir à quoi s’en tenir là-dessus, et promit à son père de ne rien négliger pour obtenir les informations les plus complètes, avant de donner suite aux arrangements convenus. Mais il fallait attendre pour cela qu’il se rendît, de sa personne, sur le théâtre des événements, car il sentait la parfaite inutilité des démarches qu’il pourrait faire par écrit auprès de M. Wilkins, ou même de M. Ness. Tout fut donc remis au mois d’août, c’est-à-dire au commencement de la long-vacation pendant laquelle il s’était promis de conclure définitivement et de faire célébrer son mariage avec Ellenor.

Il arriva effectivement, un samedi du mois d’août, et au lieu de prendre, comme à l’ordinaire, ses quartiers chez M. Ness, il descendit à la porte de Ford-Bank ; — ainsi était désignée, dans le pays, la demeure des Wilkins.

La maison était comme assoupie sous les brûlantes