Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portant en pareille matière. L’attorney était adoré de ses gens, aux yeux desquels sa générosité, son indulgence habituelle compensaient largement quelques accès d’emportement ; ils ne trouvaient rien d’extraordinaire à ce que, dans une si triste passe, leur maître charmât ses soirées solitaires par des excès de boisson toujours plus prolongés et dont l’abus allait sans cesse croissant.

Wilkins était donc tout aussi bien vu que jamais. Les invitations lui arrivaient de tous côtés, comme au plus beau temps de sa florissante jeunesse. Il s’y refusait invariablement, prenant pour prétexte l’état de sa fille. Mais si sa conduite avait été contrôlée de plus près, bien des gens auraient pu se demander comment, soucieux à ce point de la santé d’Ellenor, il évitait plutôt qu’il ne recherchait les occasions de rester auprès d’elle, depuis que la conscience et la mémoire de la jeune malade étaient rentrées, à peu de chose près, dans leur ancien équilibre. Jamais non plus elle ne l’appelait, jamais elle ne souhaitait sa présence. Cette fatale nuit de mai, sans cesse en tiers dans leurs rares tête à tête, les leur rendait effrayants et presque odieux.


VII


Ellenor se rétablit pourtant, — nous l’avons déjà dit, — et dans les premiers temps de sa convalescence, essayant de se reprendre à la vie, elle se faisait porter d’une pièce à l’autre, par toute cette maison qu’elle avait cru ne jamais revoir. Elle évitait celles-là seulement qui donnaient sur le parterre, en souvenir de ses impressions de malade qui lui avaient inspiré une sorte d’hor-