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téressant vicar, lorsqu’il implora d’elle une lettre de temps à autre. Elle le put d’autant moins, qu’elle était fort pressée de mettre fin à une scène passablement extraordinaire, et de fermer la porte de la maison derrière ce sensible et romanesque jeune homme. À peine avait-elle poussé le verrou que deux légers heurts la contraignirent à le tirer de nouveau. M. Livingstone, que les rayons de la lune faisaient paraître plus pâle, voulait s’assurer que la malade ne serait pas informée de sa visite : « il craignait, disait-il, qu’elle n’en fût offensée.

— Allez en paix, répondit miss Monro. Il se passera longtemps avant qu’elle se formalise de pareilles attentions… Le nom même de M. Corbet ne la ranime pas toujours.

— M. Corbet !… » s’écria Livingstone d’une voix étouffée. Et cette fois il partit pour tout de bon.

Ellenor, cependant, finit par se rétablir. Son organisation fut, en ceci, plus forte que son vouloir. Arbitre de sa destinée, la jeune fille serait descendue par préférence au tombeau qu’elle voyait ouvert à ses pieds et qui l’eût protégée contre les mille désastres dont la menaçait un sombre avenir.

La plupart du temps elle demeurait couchée, les yeux clos, dans un repos absolu ; mais, intérieurement, elle poursuivait ce labeur intense d’une pensée qui cherche à retrouver le calme pour jamais perdu. L’idée commençait à lui venir que si, durant l’horrible cauchemar de cette nuit désastreuse, se fortifiant l’un par l’autre, elle et son père avaient osé confesser une faute grave, un malheur plus grand encore, — qui dans l’origine et avant toute circonstance aggravante, pouvait à peine passer pour un crime, — les conséquences d’un pareil aveu, si tristes qu’elles eussent été, auraient ouvert devant eux une voie plus facile en même temps que plus droite. Mais il