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rejoindre, pour s’enquérir de cette mystérieuse conférence avec un gentleman inconnu. Mais, sans écouter les réponses de son élève, elle lui raconta comme quoi la femme de ménage de M. Dunster s’était présentée, dès le matin, pour savoir ce qu’était devenu son patron, lequel n’était pas rentré la veille au soir : « Croiriez-vous, ma chère enfant, qu’il a fallu réveiller monsieur votre père pour qu’il donnât réponse à cette femme ?

— Et qu’a-t-il répondu ? demanda Ellenor dont les lèvres sèches purent à peine articuler cette question.

— Qu’il ne savait en rien ce que M. Dunster était devenu. La chose allait de soi, n’est-il pas vrai ? Aussi mistress Jackson s’est-elle excusée de son importunité, sur ce que, dînant ensemble chez un des clients de l’étude, M. Wilkins et son associé auraient fort bien pu revenir ensemble. Je suis allée moi-même, à travers la porte, expliquer à votre père les raisons et questions de cette femme obstinée.

— Et il vous a dit ?…

— Il m’a dit qu’il avait effectivement fait, à pied, en compagnie de M. Dunster, une partie de la route ; mais que celui-ci l’avait quitté vers le dernier carrefour afin de prendre, à travers champs, le plus court chemin. Du moins c’est ce que j’ai cru comprendre. Mistress Jackson suppose qu’en longeant Moor-lane, son maître aura pu trébucher et tomber dans le canal. Au surplus, il est peut-être déjà retrouvé. Votre père a demandé son cabriolet pour se rendre immédiatement à l’étude… Eh ! tenez, le voilà qui part !… Il n’a pas perdu grand temps à son déjeuner. »

Ellenor qui tenait le Hamley Examiner, en partie pour dérober son visage, en partie pour se donner une contenance, poussa justement alors une sorte de joyeuse exclamation : « — Ah ! quelle rencontre, disait-elle ; le colonel