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son demandée, sa suivante ne put rien noter d’extraordinaire dans l’état de sa personne, si ce n’est une excessive pâleur, à propos de laquelle cette fille manifesta une sollicitude empressée. Mais, sourde à ses questions, Ellenor s’enquit de son père, tout en s’étonnant elle-même de ce que lui coûtaient des paroles si banales, et s’effrayant par avance de la contrainte et des efforts auxquels elle se voyait désormais condamnée. C’en était fait de cette existence une, simple et loyale dont elle s’inquiétait si peu et qui ne lui avait jamais commandé le moindre déguisement.

Avant qu’elle eût achevé de s’habiller, on vint la prévenir que M. Livingstone l’attendait au salon.

M. Livingstone !… ce nom la frappa comme un écho du passé. Il appartenait à sa vie d’hier, pour jamais close. Quelques informations sommaires lui apprirent que M. Livingstone avait d’abord demandé M. Wilkins, mais que, celui-ci n’étant pas encore en état de paraître, le visiteur avait insisté pour parler au maître de la maison ou à sa fille.

« Un mariage !… est-il bien possible qu’il soit question d’un mariage, aujourd’hui, et dans cette maison ? » se demandait Ellenor qui descendit le plus promptement possible, et dont la physionomie rigide frappa, dès qu’elle eut paru sur le seuil du salon, le malheureux prétendant qui l’y attendait avec une émotion toujours croissante. Le négligé de sa toilette, l’expression de son visage, attestaient chez la jeune fille une indifférence absolue. Par le fait, elle ne songeait qu’à congédier, et sans le moindre délai, ce soupirant importun. En la voyant, il avait fait deux ou trois pas vers elle, mais il s’arrêta terrifié, devant cette pâle et sinistre évocation : « Je crains, miss Wilkins, que vous ne soyez souffrante, balbutia-t-il dans son premier étonnement… Sans doute je suis venu de