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Et vous, Ellenor, vous aussi compromise… Non, cela ne saurait être… Vous êtes dans le vrai, Dixon. Il faut que nous venions à bout de cacher ce corps, ou bien je me couperai la gorge. Aussi bien mourrais-je de honte, avant d’avoir vu la fin d’un pareil procès… Dire qu’une minute d’emportement a flétri tout mon passé…

— En ce cas, interrompit Dixon, la besogne presse… Dépêchons-nous ! »

Ils sortirent pour aller prendre leurs outils, suivis d’Ellenor qui ne put se résoudre à rester seule dans le cabinet de travail, face à face avec…

Vainement voulut-on la renvoyer dans sa chambre : l’inaction, la solitude lui faisaient peur. Elle s’employait à porter çà et là de lourdes hottes, remplies de gazons, et trouvait un soulagement dans cette tâche excessive, toujours en mouvement, toujours arrivant à point, et fournissant aux deux travailleurs ce qu’il leur fallait. À un moment donné, comme elle passait devant le seuil du cabinet, il lui sembla qu’elle entendait se mouvoir. Se pourrait-il que l’homme fût revenu à lui ?… Elle entra, le cœur palpitant d’espérance, mais une seconde suffit pour la détromper. Un frémissement d’arbres, causé par un souffle de brise, ainsi s’expliquait cette illusion. La mort, le désespoir, il ne fallait pas rêver autre chose.

La fosse pourtant se creusait, régulière et profonde. Nos deux hommes semblaient, animés d’une sauvage énergie, vouloir étouffer par un travail acharné la pensée importune, le remords vengeur. M. Wilkins, deux ou trois fois, pria Ellenor de verser de l’eau-de-vie à Dixon. Elle alla aussi chercher quelques aliments, dans la salle à manger, — avec toute sorte de précautions, — lorsqu’elle vit les deux travailleurs exténués de fatigue. À ce moment, leur tâche était presque faite.

Quand il ne resta plus qu’à placer le cadavre dans