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termination bien marquée avait sensiblement atténué les résistances paternelles. Le bon M. Corbet en était à s’enquérir du caractère de sa future bru, et, plus particulièrement de la fortune qu’elle apporterait en dot. Ralph, à qui ces questions étaient adressées, en comprenait fort bien l’importance, et quoique dans le début, trop jeune et trop épris pour songer à les approfondir, il les eût absolument passées sous silence, elles lui paraissaient maintenant dignes de quelque examen. À vue de pays, la fille d’un attorney si bien posé devait être richement pourvue, et si sa dot permettait au jeune avocat de se loger à Londres dans un quartier opulent, ce serait une circonstance avantageuse à ses débuts professionnels. Aussi ne s’opposa-t-il point à ce que son père écrivît en ce sens à M. Wilkins. Seulement, il prit soin d’atténuer certaines rudesses de forme qui s’étaient glissées dans le projet de lettre formulé à ce sujet, et d’en élaguer tout ce qui pouvait éveiller la susceptibilité de l’homme à qui on posait de si délicates questions. Même après ce travail préliminaire, la missive de son père lui parut encore trop catégorique, et aller trop droit au but. Il n’en cita que des fragments dans un exposé de sa situation qu’il crut pouvoir adresser au père d’Ellenor, et qui, par sa nature même, sollicitait une communication analogue. Réduit actuellement, pour subsister, aux produits toujours plus ou moins précaires d’une profession indépendante, il n’avait en propre que l’héritage futur de sa mère, un petit domaine dans le Shropshire, à lui dévolu comme au second fils, et il ne demandait pas mieux que de l’assigner à sa future femme, comme garantie de ses droits dotaux : mais, en attendant, il s’agissait de calmer les sollicitudes de M. Corbet père, qui pouvait craindre et craignait effectivement de voir retomber à sa charge, dans telle ou telle circonstance funeste, la veuve et la pos-