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voir sa fiancée. Dans l’intervalle de ses visites, elle lui écrivait assidûment et les lettres qu’il recevait d’elle étaient, l’assurait-il, la meilleure compensation de ses travaux acharnés. À elle il rapportait tout l’honneur de ses premier succès, qui le mettaient peu à peu en avant de ses plus redoutables émules, et jamais il n’était de meilleure humeur que lorsqu’elle lui racontait naïvement les petites déconvenues dont nous venons de parler Au fond il était charmé que les jeunes gentlemen du ***-shire, fissent preuve de mauvais goût en se montrant si peu empressés autour de sa fiancée : il leur savait gré de la négliger, et jubilait, en son for intérieur, chaque fois que cette chère enfant s’était assez ennuyée à quelque réunion pour se promettre de ne plus retourner dans le monde ! Toujours avisé, toujours prudent, il avait fait demander à son futur beau-père, par Ellenor elle-même, de ne point donner une trop grande publicité à leur projet d’union, estimant que cette démarche, — l’unique coup de tête dont il se fut jamais rendu coupable, — si elle était ébruitée avant qu’il n’eût fini ses études, compromettrait sa réputation de bon sens infaillible et de gravité magistrale. Ceci avait un peu surpris M. Witkins, mais un désir de sa fille étant toujours chose sacrée à ses yeux, il n’avait fait aucune difficulté de se rendre au vœu dont elle était l’interprète. M. Ness, cependant, avait été mis dans la confidence, et les parents de lady Maria, également informés de ce projet qui ne les touchait guère, s’étaient hâtés de n’y plus songer. Vis-à-vis de ses parents, maître Ralph gardait une expectative silencieuse et calme. Il leur avait notifié, une fois pour toutes, qu’il n’entendait pas donner immédiatement suite à ses idées de mariage mais que, le moment venu, il comptait trouver les siens en disposition de recevoir sa femme avec tous les égards, toute l’affection dont elle était digne. Cette dé-