Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

due par Dunster fut faite par M. Wilkins qui lui donna, pour se dédommager, la forme la plus désagréable dont il se pût aviser. Mais la forme était peu de chose pour le premier clerc, façonné depuis longtemps aux aspérités de la vie. En toute affaire il ne voyait que la substance ; et les accessoires lui étaient indifférents. Ici le bénéfice n’avait rien de douteux, et l’offre fut acceptée sans la moindre hésitation, avec une sorte de ricanement intérieur.

Justement à la même époque, — soyons exact, quelques semaines plus tôt, — Ralph Corbet s’était enfin décidé à se déclarer. Il avait quitté l’université, s’était fait inscrire à Middle Temple, se plongeait dans l’étude du droit, et commençait à pressentir l’heure des succès futurs. Ellenor, d’ailleurs, venait de débuter aux assemblées de Hamley, et il était à craindre qu’un rival bien avisé ne profitât des retards de maître Ralph pour prendre date à son tour, et peut-être le gagner de vitesse. Une plus profonde connaissance du caractère de la jeune fille eût empêché Ralph de faire entrer en ligne de compte cette appréhension chimérique. Comptant pour rien les formules et les engagements exprès, elle s’était regardée comme la fiancée de son ami d’enfance et avait pris avec elle-même l’engagement de n’avoir jamais d’autre époux, dès l’instant où il lui avait laissé comprendre, sans le lui dire formellement, qu’elle était l’objet de ses préférences. Il lui parut même surprenant qu’il crût avoir à la questionner sur l’affection qu’elle lui avait vouée, et quand il lui demanda, tout tremblant, « si elle ne consentirait pas à l’épouser ? — En vérité, lui dit-elle, je ne pensais pas que le moindre doute vous fût permis à cet égard. » Restait à faire sanctionner cette mutuelle détermination par les autorités compétentes. Ralph se mit à la recherche de M. Wilkins, qui aurait dû être à son bu-