Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à lui répondre, » répliquait en pareil cas le négligent attorney, tâchant de conjurer, par cette flatterie indirecte, la censure de son rigide premier clerc. Et celui-ci ne manquait jamais de répliquer, avec une tranquillité désespérante, mais du ton le plus positif : « Cela se peut, monsieur, mais on n’aime pas toujours à causer de ses affaires les plus secrètes avec un simple subordonné. »

C’était là une suggestion indirecte, qui, le temps et la paresse aidant, se fraya chemin parmi les combinaisons de M. Wilkins. L’idée de s’associer Dunster, — et d’abdiquer ainsi une bonne portion d’une responsabilité qui lui pesait toujours davantage, — lui parut de plus en plus séduisante. Les clients qui refusaient de s’aboucher avec un commis, ne feraient plus la moindre façon, mis en face d’un des patrons. Il est vrai que la déplaisance du futur partner était une objection sérieuse ; car cette déplaisance était arrivée par degrés jusqu’à déterminer une véritable antipathie. La voix, le costume, les façons de Dunster causaient à son patron un véritable malaise, une irritation sourde dont celui-ci avait peine à contenir les éclats. Aussi, dans les premiers temps, M. Wilkins prenait un plaisir pervers à faire tour à tour luire et disparaître, devant les yeux de son ambitieux subordonné, l’espérance dont évidemment ce dernier aimait à se bercer ; mais, comme nous venons de le dire, en dépit de tout mauvais vouloir, la réalisation de cette espérance devenait de moment en moment plus certaine. La situation donnée ne comportait pas d’autre issue.

Quelle circonstance particulière amena le dénoûment inévitable ? Dunster, sur ce point, en demeura réduit aux conjectures. Ce furent sans doute quelques reproches reçus à propos d’une négligence plus criante que les autres, ou bien la menace de se voir retirer une clientèle de première importance : bref, la proposition atten-